Depuis 25 ans, le dentiste Florine Boukhobza prescrit à ses patients des tisanes, des huiles essentielles et de l’homéopathie. Aujourd’hui à l’université, elle forme, preuves scientifiques à l’appui, de plus en plus de jeunes dentistes attirés par la phytothérapie et l’aromathérapie. Interview d’un dentiste pionnier.
Pourquoi soignez-vous grâce aux plantes et à l’homéopathie ? Vous n’étiez pas satisfaite des résultats de la médecine classique ?
Dr Florine Boukhobza : « Je suis tout à fait contente de l’allopathie, je la remercie d’exister mais c’est important qu’elle soit aidée par d’autres disciplines, d’autres éléments de notre arsenal thérapeutique. Lors de ma formation première de docteur en chirurgie dentaire, je n’ai pas eu accès à un enseignement de la phytothérapie. Certains de mes patients m’en ont parlé et j’ai souhaité en savoir plus. Je me suis formée d’abord en homéopathie, puis en aromathérapie et en phytothérapie. Aujourd’hui, dans ma pratique, j’utilise les plantes quotidiennement. »
« Si je prescris un antibiotique, j’y associe de l’homéopathie, des plantes ou des huiles essentielles pour éliminer les effets secondaires – des candidoses par exemple – et pour booster l’immunité »
Comment associez-vous ces différentes façons de soigner ?
« Je cherche à obtenir un résultat et pour cela je m’adapte au terrain du patient, [l’ensemble des moyens de défense naturelle de son organisme]. L’immunité varie d’un patient à l’autre. Quelquefois l’aromathérapie ou l’homéopathie me suffit. Si je prescris un antibiotique, j’y associe de l’homéopathie, des plantes ou des huiles essentielles pour éliminer les effets secondaires – des candidoses par exemple – et pour booster l’immunité, c’est-à-dire renforcer les défenses immunitaires.
Je prescris des tisanes drainantes pour accompagner le fonctionnement de l’organisme. Cela facilite l’assimilation du médicament que ce soit de l’allopathie ou de l’homéopathie. De la même façon, un patient récupère moins bien après une intervention si son intestin ne fonctionne pas bien. C’est une question de bon sens médical. J’ai une vision globale du patient. »
Cette vision globale prend-elle également en compte le psychique ?
« Bien sûr, si je dois faire une chirurgie implantaire par exemple et que le patient arrive trop nerveux, je décale l’intervention en lui prescrivant un traitement homéopathique, phytothérapique ou des huiles essentielles pour l’apaiser. On sait que le stress nuit aux facultés de récupération. Il a d’ailleurs été prouvé qu’il était même générateur de maladie. Quand un dentiste donne un anxiolytique allopathique avant une intervention, c’est dans le but de tranquilliser le patient. Dorénavant, nous avons d’autres possibilités, d’autres remèdes que je préfère prescrire en première intention parce qu’ils présentent moins d’effets délétères. Je pratique depuis 25 ans et tous les médecins qui soignent avec les plantes et l’homéopathie le savent : de cette façon, on obtient également des résultats tout à fait satisfaisants. »
« J’interviens pour parler de phytothérapie au prochain Congrès annuel de l’Association Dentaire Française (ADF) qui va rassembler en moyenne 40 000 visiteurs »
Pourriez-vous nous donner quelques conseils pour avoir une bouche en bonne santé ?
« Je conseille toujours d’avoir chez soi de l’huile essentielle de sauge sclarée. Son utilisation quotidienne est très intéressante car elle a l’avantage d’être multi-facettes. Elle aide à cicatriser, à enlever la douleur, à réduire l’inflammation.
Dans un petit récipient, mélangez deux gouttes d’HE de sauge sclarée (HE Salvia sclarea linnaeus) dans un vecteur. Je conseille comme vecteur l’huile de pépins de raisin (astringente, elle limite les saignements) ou un gel d’aloe vera (cicatrisante et anti-inflammatoire). Badigeonnez avec un doigt propre ou un coton tige. En trois ou quatre jours, vous pourrez observer le résultat qui se met en place.
Attention, il ne faut pas la confondre avec l’huile essentielle de sauge officinale (Salvia officinalis) qui peut être dangereuse car ses principes actifs contiennent de la thuyone susceptible d’être abortive et neurotoxique. La sauge officinale peut être utilisée plus en tisane qu’en huile essentielle, dans le domaine bucco-dentaire et stomatologique. »
« Le bicarbonate est très positif, car il a tendance à diminuer l’agressivité des bactéries et à neutraliser l’excès d’acidité générée par la dégradation des sucres par les bactéries dans la bouche. »
Que pensez-vous de ces recettes que l’on trouve partout pour fabriquer son dentifrice à base de bicarbonate de soude ?
« Ce sont des vérités de grands-mères, cela a toujours été bien, c’est toujours vrai. Le bicarbonate de soude a l’avantage de neutraliser un milieu dont le PH est trop acide. L’émail est comme une roche, elle est détruite par l’acidité. Le bicarbonate est très positif, car il a tendance à diminuer l’agressivité des bactéries et à neutraliser l’excès d’acidité générée par la dégradation des sucres par les bactéries dans la bouche. »