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Sommes-nous malades de notre alimentation ?

Sommes-nous malades de notre alimentation ?

Un chirurgien dénonce le contenu de nos assiettes

Publié le 04.12.2017 Anne de Labouret, pharmacienne

Céréales le matin, sandwich à déjeuner, plat préparé au dîner : notre alimentation a considérablement changé. Elle n'est plus adaptée à notre organisme. Le Dr Michel Lallement pense qu’elle favorise l'émergence de pathologies graves. Pour rester en bonne santé, voici les conseils de ce chirurgien, aujourd’hui spécialiste de la prévention des maladies dégénératives.

 

Les chiffres sont troublants. Rien que pour le cancer, le nombre de personnes atteintes a doublé en trente ans en France, selon les chiffres publiés par par l’Institut de veille sanitaire en novembre 2015. Certains types de tumeurs ont même vu leurs cas multipliés par 5. Pour faire le point sur ce problème sanitaire très préoccupant, nous avons interrogé le Dr Michel Lallement. Chirurgien des Centres de lutte contre le cancer pendant plus de vingt ans, ce spécialiste se consacre désormais à la prévention et à l’accompagnement thérapeutique des malades atteints de pathologies dégénératives. Il a développé une prise en charge globale du « terrain ». « Les cancers ne sont pas les seuls concernés. Diabète de type 2, Alzheimer, Parkinson, arthrose, sclérose en plaques, allergies alimentaires… », égrène le Dr Michel Lallement. Une longue liste de maladies dégénératives, rares autrefois, dont les chiffres explosent littéralement. « Notre époque connaît une recrudescence sans précédent de pathologies graves ou invalidantes ». Nous avions de nombreuses interrogations.

Pensées Sauvages : L'augmentation de la prévalence de ces maladies n'est-elle pas liée à l'allongement de l'espérance de vie ?

Dr Michel Lallement : « Non, car elle concerne également les enfants et les études ont été réalisées par tranches d’âges. Quant à l’hérédité, nous héritons certes tous de gènes qui nous rendent plus ou moins sensibles au risque de développer une maladie ou une autre, mais il ne s’agit que d’un facteur prédisposant, largement influencé par notre environnement. Ces pathologies sont directement liées à l’impact de notre environnement, ce qui comprend à la fois l’alimentation, les toxines et le stress.

La survenue d’une maladie est le résultat d’un processus qui se met en place sur la durée. Bien que ces maladies soient très différentes entre elles, le processus biologique qui aboutit à la survenue de toutes les maladies chroniques et dégénératives est identique : il s’agit de l’inflammation chronique, passage obligé vers toutes les maladies chroniques, dégénératives et environnementales. Responsable directe de cet état inflammatoire persistant : une alimentation inadaptée ou déséquilibrée. Heureusement, nous pouvons agir nous-mêmes et sans médicament sur les causes de cette inflammation globale. »

En modifiant son alimentation et son hygiène de vie, il est possible de récupérer une grande partie de ce qui a été abîmé. Cette approche ne se substitue en rien aux traitements médicaux qui ont fait leurs preuves mais elle permet d'avoir les meilleures chances d'être et de rester en bonne santé ou de mettre en place un terrain favorable à la guérison lorsqu'on est malade. 

Comment l'alimentation est-elle responsable de l'inflammation ?

« Normalement imperméable aux substances étrangères autres que les nutriments utiles, la paroi de notre intestin peut être fragilisée par des éléments extérieurs, comme l’alcool, les médicaments anti-inflammatoires, les chimiothérapies anticancéreuses, les métaux lourds, le stress ou le déséquilibre de la flore intestinale. Elle devient alors micro-poreuse et laisse passer dans le sang des molécules indésirables non assimilables, qui « encrassent » notre organisme. Ces molécules issues de nos aliments sont à l’origine de réactions inflammatoires et immunologiques qui nous prédisposent aux maladies chroniques. »

Les premiers symptômes sont digestifs : douleurs, ballonnements, spasmes, colopathies, intestin irritable... Puis ils se généralisent : fatigue, troubles de la mémoire, de la concentration, de la vue, du sommeil, maux de tête... Ils signalent en réalité une intolérance alimentaire. Un quart de la population serait concerné. 

Certains aliments sont-ils plus en cause que d'autres ?

« Alors que certains aliments ont été rendus impropres à l’alimentation humaine par l’agriculture moderne, nos régimes occidentaux les ont intégrés en excès : il s’agit des céréales (et en particulier, du blé), du lait, des œufs et des aliments exotiques (vanille, café, kiwi…).

Les aliments à base de blé et de lait représentent aujourd’hui une part prépondérante de notre ration journalière : pain, pâtes, pizza, biscuits, fromages, desserts lactés… Ils sont partout. Or les protéines de blé et de lait sont particulièrement toxiques si elles pénètrent dans notre organisme. »

Peut-on contrer l'inflammation par un régime alimentaire ?

« Oui. La bonne nouvelle, c’est que la porosité intestinale est réversible. Il est en effet possible d’améliorer considérablement son état de santé en adoptant un régime sans blé ni lait et en intervenant à plusieurs niveaux. Pour cela, il faut :

  • Remplacer le blé et les aliments à base de blé (pain, pizzas, viennoiseries…) par des céréales bien tolérées : riz, maïs, millet, sarrasin, quinoa, sésame, farine de châtaigne, de noix, de noisette.
  • Supprimer le lait, le fromage et les produits laitiers, et opter pour des substituts végétaux non modifiés : lait de soja, d’amande ou de coco, crèmes et yaourts de soja.
  • Limiter les pesticides en consommant des aliments bio.
  • Privilégier la cuisine maison, car, en plus d’être pauvres en fibres et en minéraux, les préparations industrielles renferment très souvent du blé ou du lait.
  • Limiter ou supprimer l’alcool, le tabac et les médicaments anti-inflammatoires (si possible).
  • Restaurer la flore intestinale en réduisant la consommation d’aliments acidifiants (viande et farines raffinées) et en faisant la part belle aux légumes et farines complètes.
  • Certaines plantes peuvent aider le foie à remplir son rôle détoxifiant : desmodium, radis noir, artichaut ou chardon-marie. A utiliser en alternance par cures d’une semaine.

Enfin, la gestion du stress et des émotions est un facteur important… mais trop souvent négligé. »

Pour rester en bonne santé, il faut comprendre ce qui est bon et ce qui est néfaste dans notre alimentation. L’alimentation est le premier pas qui permet au malade (et à la personne bien portante) de devenir acteur de sa santé.

Comment agir au quotidien ?

« Favorisons la qualité plutôt que la quantité ! Voici quelques conseils alimentaires à décliner tous les jours pour limiter le risque d’inflammation chronique :

  • Le lait de vache n’est pas un aliment équilibré pour l’homme. Préférez-lui le lait de chèvre ou de brebis, ou les laits végétaux (soja, amande…).
  • Nous n’avons pas besoin de manger de la viande tous les jours. Remplacez-la régulièrement par des petits poissons gras (sardines, maquereaux…), moins concentrés en toxines que les gros poissons placés au bout de la chaîne alimentaire.
  • Privilégiez les « sucres lents », les « bonnes graisses » (végétales) et les aliments non raffinés, qui contiennent davantage de micro-nutriments.. Les oléagineux (noix, noisettes, amandes…) sont riches en acides gras omégas 3 et 6. En outre, ce sont d’excellents coupe-faim en cas de petites fringales.

 

  • Evitez les aliments « zéro calorie », car ils fatiguent inutilement le pancréas, et les cuissons excessives, qui produisent des « mauvaises graisses » et des corps toxiques.
  • Enfin, intégrez dans votre alimentation quotidienne des plantes anti-inflammatoires : curcuma, thé vert et fruits rouges (groseilles, myrtilles…).

On le voit, manger sainement ne se limite pas à  « manger bio » « 5 fruits et légumes par jour ». « Il est indispensable d’éduquer nos enfants pour réussir à réduire le taux de maladies dégénératives » insiste le Dr Lallement. Et on se prend à rêver d’une « vraie » éducation alimentaire dans les programmes scolaires. Un domaine qui nécessite une volonté politique, des moyens financiers et pour lequel tout reste à faire… »

 

 

A lire pour aller plus loin :

Les clés de l’alimentation santé, Michel Lallement, Mosaïque-santé et Pocket, 2012

Les 3 clés de la santé, Michel Lallement, Mosaïque-santé et Pocket, 2014

 

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