Véritable tour de France de l’agroécologie, le Ferme d’Avenir Tour à réuni 15 000 participants, 300 bénévoles et visité 220 fermes sur un parcours de 3 300 kilomètres. Coordinatrice de l’événement, Chloé Bonichon a sillonné pendant trois mois, de juin à septembre 2017, les campagnes françaises. Elle raconte à Pensées sauvages cette aventure, dont elle revient pleine d’optimisme et d’enthousiasme.
Pensées Sauvages : Pourquoi vous êtes-vous impliquée dans le projet Fermes d’Avenir ?
Chloé Bonichon : « J’avais envie de donner plus de sens à ma vie, de m’engager pour une grande cause et de faire passer un message important : ce que nous mangeons est notre premier médicament. Auparavant, après des études en commerce et en marketing, j’ai travaillé six ans comme responsable marketing dans le maquillage pour un grand groupe de luxe.
En parallèle, grâce à mon engagement associatif, j’ai eu la chance de participer, en décembre 2015, à la COP21 où j’ai rencontré Maxime de Rostolan [le fondateur de Fermes d’Avenir, ndlr]. Ce fut une grande remise en question : qu’est-ce que je faisais à vendre du maquillage ?
Peu de temps après, je quittais mon entreprise et partais quatre mois au Pérou et en Bolivie.
À mon retour, j’ai repris des études dans le développement durable. Lorsque Maxime m’a proposé, il y a un an, de rejoindre son association, je n’ai pas hésité et j’ai relevé le défi suivant : partir à la rencontre des fermiers, acteurs de la transition, et sensibiliser le grand public à l’agro-écologie grâce à un grand tour de France. »
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
« C’est une aventure humaine incroyable ! Très intense, aussi. Dans l’équipe organisatrice, nous venons d’horizons très différents, mais nous partageons tous cette envie de construire un monde meilleur. Grâce au tour, j’ai découvert mon territoire, la diversité des sols, des productions, des personnes… Chaque région possède une identité forte. Nous avons sensibilisé beaucoup d’habitants, à qui nous avons fait découvrir des fermes près de chez eux.
Notre force est de toucher les gens sans être moralisateur.
Je garderai en mémoire mes rencontres avec des paysans exceptionnels, comme Lauriane Durant, de la ferme du Vieux-Poirier à Schopperten, en Alsace. Une femme très ouverte, qui livre une image passionnante de son métier. Elle montre qu’aujourd’hui, être agriculteur, c’est réinventer sa profession, échanger…
Je me rappellerai aussi de Félix Noblia, éleveur dans le Béarn, qui s’inspire de la permaculture sur de grandes surfaces. Chez lui, nous avons même réussi à rassembler des agriculteurs avec des visions très différentes de leur travail. »
Vos projets pour demain ?
Pour nourrir les enfants dans les écoles, les patients à l’hôpital… avec des produits sains, il va falloir changer d’échelle. Les enjeux sont énormes et je compte bien apporter ma pierre à l’édifice.
Un jour, peut-être, je pourrais m’installer dans la ferme de mon arrière grand-mère à Bracieux, près de Chambord… Dans une troisième vie !