Décryptage
Depuis une quinzaine d’années, ce fruit d’hiver, sucré, acidulé et très juteux, passionne les scientifiques. Après la découverte de ses propriétés antioxydantes hors norme, supérieures à celles du thé vert, la grenade aurait également des vertus contre le cancer, le diabète, les maladies cardio-vasculaires. On trouve la grenade fraîche sur les étals d’octobre à février.
À l’automne, les jus de pomme et de raisin, qui trônent sur nos tables depuis notre enfance, permettent d’avoir à portée de main une source fraîche de vitamines et d’oligoéléments salvateurs. Mais un autre jus multiplie les apports en antioxydants : le jus de grenade. Cette boisson est encore plus puissante pour diminuer les radicaux libres et ralentir le vieillissement cellulaire.
Les arilles, les capsules de jus qui entourent les grains fraîchement pressés, libèrent un nectar de santé connu depuis plus de 3 000 ans. La Bible nomme à plusieurs reprises le fruit du Punica granatum, de la famille des Lythracées. Le roi Salomon en avait fait sa « pomme de Carthage » préférée.
Les Égyptiens, les Cananéens puis les Romains cultivaient les arbres pour leurs fleurs, leurs fruits, leurs racines et l’écorce qui étaient des sources de remèdes et d’onguents renommés. Bouddha l’a choisie comme fruit béni, avec la pêche et le citron. Tous les trois sont grands pourvoyeurs de vitamine C, qui oxygène et renforce les cellules sanguines du système immunitaire.
Symbole de fécondité pour les uns et aphrodisiaque pour les autres, la grenade traverse les siècles et on la retrouve présentée dans certaines églises au côté de la Vierge Marie. Pour les Arméniens, elle est aussi le symbole national de la prospérité, de la paix et de la bonne fortune.
Le « fruit du Paradis », nour en arménien, pourrait être la véritable pomme, celle de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Sa renommée et son culte ont franchi la mer Méditerranée pour fonder une ville à sa gloire au XIe siècle : Granada. On y trouve les jardins de l’Alhambra qui font la réputation de la cité andalouse. Ils accueillent des vergers où les grenadiers d’ornements (qui ne donnent pas de fruits) côtoient les plus beaux grenadiers aux « joyaux couleur rubis ».
Au milieu du XVIe siècle, le mystique espagnol Saint Jean de la Croix vante la grenade et ses perfections divines dans leurs effets innombrables, […] la rondeur du fruit comme expression de l’éternité divine, et la suavité du jus comme celle de la jouissance de l’âme aimante et connaissante.
Allées, rues et ruelles des Miougranes dans les villages provençaux témoignent de sa gloire passée, comme les écrits de grands poètes. Mais le miougranier, grenadier en provençal, est en pleine renaissance au pays des cigales. La production pour le fruit et le jus est en expansion pour répondre à l’engouement croissant des consommateurs pour ses vertus antioxydantes.
Depuis une quinzaine d’années, de nombreuses études ont été réalisées sur les vertus thérapeutiques du grenadier, de ses fleurs et de ses fruits. Au printemps 2012, des chercheurs en biologie moléculaire, d’une université de sciences médicales iranienne, publient un article scientifique stupéfiant : cancer, artériosclérose, ostéoporose, cholestérol, maux de têtes et diverses maladies de peau sont combattus par les molécules actives des enzymes du jus de grenade ou bien celles du péricarpe (peau du fruit) séché.
Les propriétés anti-infectieuses, anti-inflammatoires, anti-oxydantes, hypocholestérolémiantes, entres autres, sont donc expérimentées lors d’essais cliniques concluants.
Sous forme de crème, la grenade se révèle exceptionnelle comme régénérateur et cicatrisant pour la peau.
Récemment, en juillet 2016, l’École polytechnique fédérale de Lausanne a publié un article prometteur sur la lutte contre la dégénérescence musculaire et les effets du vieillissement. La grenade possède une puissante molécule antivieillissement : le précurseur de l’urolithine A. Cette molécule, appelée ellagitanine, digérée par l’organisme, est convertie par les bactéries du microbiote intestinal en urolithtine A. Son rôle est capital car il interviendrait dans le recyclage des mitochondries déficientes, ces usines d’énergie des cellules dont la dégradation affecte le fonctionnement de nombreux tissus, dont les muscles, qui s’affaiblissent avec les années.
Ce fruit fournit aussi de nombreuses vitamines du groupe B, et plus particulièrement la vitamine B5 (acide pantothénique) dont l’apport important dans le jus de grenade augmente la concentration intellectuelle, agit comme un calmant contre l’agitation et favorise le sommeil. Il est prouvé qu’elle permet une amélioration de l’élasticité de la peau et de la résistance des cheveux. Elle est parfaitement adaptée aux personnes qui suivent un régime « vegan » et qui pourraient être carencées en vitamine B, qui se trouve plus facilement dans une alimentation carnée.